Naissance d'une Montre 3: Au temps qui instruit

Naissance d'une Montre 3 est un projet horloger et patrimonial, l’aboutissement d’une aventure humaine et de six années de travail. Il en résulte un exceptionnel garde-temps de poignet, certifié « Chronomètre » par le COSC et intégralement réalisé à la main avec des outils traditionnels, sans assistance numérique.


Force constante par fusée et chaîne, balancier bimétallique, aiguille des secondes centrale, structure ouverte : ses caractéristiques techniques et esthétiques sont profondément ancrées dans l’héritage du Maître-Horloger.


Les 11 exemplaires de Naissance d'une Montre 3 répondent aux mêmes critères de qualité et de finition que toute autre collection de la Chronométrie Ferdinand Berthoud. La preuve que l’essentiel n’est pas la destination, mais le voyage, et que celui-ci est façonné par le temps qui s’écoule, le « temps qui instruit », selon les mots de Louis Berthoud (neveu de Ferdinand Berthoud).


Préservation et apprentissage du savoir-faire


Naissance d’une Montre 3 vise à réunir les talents d’hier et d’aujourd’hui, à rassembler leurs notes et croquis, à fédérer leur savoir au profit d’un objectif commun : non pas le garde-temps en lui-même, mais la préservation de tous les savoir-faire qui lui prêtent vie. Assurément, il apparaît plus que jamais essentiel de sauvegarder les compétences horlogères traditionnelles nécessaires à la réalisation de garde-temps mécaniques. Ce projet d’entreprise, transversal, fait appel à tout le savoir-faire interne et l’expertise de la maison : design & ingénierie, laboratoire, fonderie, mécanique, micromécanique, bijouterie, polissage, décoration et horlogerie.


En définitive, plus de 80 artisans et spécialistes, de différents corps de métiers et lieux (Fleurier et Meyrin), au sein de la Chronométrie Ferdinand Berthoud et de la maison Chopard, ont participé au projet. Ces artisans ont travaillé et appris ensemble, dans un but commun : trouver les solutions afin de créer un garde-temps de manière entièrement artisanale mais aussi de documenter et référencer l’intégralité des procédés de fabrication. Une base de données de milliers de photos et vidéos a ainsi été patiemment constituée, afin d’illustrer et expliquer les méthodes retenues pour la création de chacun des composants du mouvement et d’habillage de la montre.


Naissance d’une montre 3 s’inscrit dans la lignée de l’apprentissage et de la transmission du savoir-faire horloger, chers à Ferdinand Berthoud et à son talentueux élève et neveu Louis Berthoud (1754-1813). En 1812, ce dernier publie un ouvrage, relatant les leçons d’horlogerie prodiguées aux quatre élèves dont le gouvernement lui avait alors confié la charge, intitulé Entretiens sur l’horlogerie à l’usage de la Marine. Louis Berthoud conclut son récit par cette phrase : « […] pour parvenir à une grande précision, ils (ses élèves) n’ont plus besoin que de temps et d’expérience […] » et termine par une maxime : « AU TEMPS QUI INSTRUIT ».


Le projet Naissance d’une Montre 3 fait sien l’enseignement reçu des maîtres-horlogers qui ont jalonné l’histoire. En hommage à ces derniers, cette maxime de Louis Berthoud est gravée à la main au dos du mouvement.


La genèse d’une œuvre


Pour mener à terme le projet Naissance d’une Montre 3, un ensemble d’anciennes machines-outils des années 1950-1960 a été rassemblé au sein d’un même espace au sein de la Manufacture à Fleurier : l’Atelier Tradition. Cette unité réunit une petite équipe de micro-mécaniciens chargée de la réalisation des composants du mouvement, sans machine à commandes numériques (CNC).


Ces spécialistes hautement qualifiés et passionnés ont consacré de longs mois à la définition des méthodes qui permettent de fabriquer ces éléments et à se familiariser avec ces outils de production conventionnels. Il s’agissait d’un effort indispensable avant d’assurer leur exécution dans les critères très stricts de qualité du projet.


Parmi ces machines-outils, un Tour Schaublin 102 datant de 1960 a été consacré au façonnage de composants circulaires : axes, fusées, piliers, pignons, roues, tambours de barillet, tenons, tiges de remontoir, vis, etc. Il s’agit d’un tour 1 axe.


Une machine à pointer SIP de 1960 fut dédiée aux opérations d’alésage, de fraisage, de perçage, de rectification et de taraudage sur des composants variés : bascules, leviers, platines, planches de roues, ponts et ressorts.


Les chiffres sont éloquents : de la première esquisse à la livraison du premier garde-temps, près de 11'000 heures de travail ont été nécessaires. Les 747 composants de chaque mouvement, dont 477 dans la seule chaîne, sont créés à l'unité. Tailler puis polir les ailes d'un pignon à l’aide d’une meule en bois de poirier nécessite une journée entière de travail. Les finitions d'une roue, trois. La platine, pourtant simple dans sa géométrie, comporte 126 moulures de huit diamètres différents, dont 90 sont polies à l’aide de fraises à roulette, de chevilles de buis et de pâtes à polir.


Une multitude de défis


Naissance d'une Montre 3 est un chronomètre limité à 11 exemplaires. Le premier, paré d’un boîtier en acier, sera porté aux enchères par Phillips en association avec Bacs & Russo, en novembre 2025. Les dix suivants, réalisés en or 18 carats, seront produits au rythme de deux exemplaires par an à partir de 2026.


Leur boîtier de 44 mm de diamètre et de 13 mm d'épaisseur présente des flancs galbés, une large couronne cannelée et gravée, un verre bombé, une lunette concave et des cornes soudées. Ces géométries singulières, inspirées de la Montre Astronomique N°3 de Ferdinand Berthoud, sont particulièrement délicates à façonner sur des machines-outils manuelles.


Pour surmonter cet écueil, des solutions ont été trouvées au sein même du groupe Chopard, qui intègre l’expertise de nombreux corps de métiers. Certains procédés tels que la cire perdue, issue de la bijouterie, ou encore le tournage, le fraisage ou le taraudage, propres à la micromécanique, ont permis d’exploiter au maximum le savoir-faire interne afin de produire les formes les plus complexes.


Une fois l’élément brut obtenu, les métiers de la finition manuelle reprennent leurs droits : reprise de l’ébauche, ébavurage, polissage. Certains composants sont ensuite soudés, tels que les cornes, avant que n’intervienne la décoration manuelle (gravures et poinçons).


Il s’agit du premier garde-temps de la Chronométrie Ferdinand Berthoud dont la structure entière du mouvement est dévoilée au regard, côté cadran. Volontairement excentrée à 2 heures, l’indication des heures et des minutes se lit sur un compteur ajouré et laisse place au spectacle des organes essentiels du calibre : barillet et fusée, reliés par une chaîne ; balancier bimétallique coupé ; pont de balancier en arc de cercle, portant l'amortisseur dont les deux contre-pivots sont en diamant, à l’image de celui de la Montre Astronomique N° 3 ; secteur de réserve de marche de 50 heures gravé à même la platine. Naissance d'une Montre 3 est un livre ouvert, qui traite d'histoire, d'horlogerie, d’héritage et de permanence.


A l’épreuve des variations de température


Le balancier du Calibre FB-BTC.FC (acronyme pour « Balancier Thermo-Compensé et Fusée-Chaîne) est à lui seul un chapitre de technique historique. Inspiré de la Montre Astronomique N° 3, celui-ci revient à l'essence des régulateurs classiques d’il y a cent ans. Il s'agit d'un balancier bimétallique fendu de type Guillaume, à compensation thermique, en Invar et laiton. Il est muni de 4 vis de réglage en or (pour le réglage de la marche), de 2 masselottes de réglage en maillechort sur la serge coupée (pour le réglage de la compensation thermique) et de 2 masselottes fixes, assurant l’inertie du balancier.


Un balancier bimétallique a pour fonction de maintenir la fréquence d’oscillation en compensant les effets dus à la température. Le spiral en alliage d’acier sans nickel est en effet particulièrement sensible aux changements de température, affectant son élasticité : lorsqu’il fait froid, le métal se contracte, se raidit. Cette résistance accrue tend à augmenter la vitesse d’oscillation du balancier et le mouvement prend de l'avance. Au chaud, le métal se dilate, entraînant l’effet inverse.


Cependant, grâce à sa composition bimétallique Invar-laiton aux coefficients de dilatation différents, le balancier réagit également aux effets de la température, mais de manière opposée : au froid, les serges du balancier coupé s’ouvrent, augmentant ainsi le diamètre de ce dernier et donc son moment d’inertie. Sa vitesse d’oscillation aura tendance à être moins rapide, entraînant un retard de marche. Au chaud, les serges du balancier se referment, créant ainsi une avance de marche. Les effets de la température sur le spiral d’une part, et le balancier bimétallique d’autre part, s’opposent : on parle donc de balancier bimétallique fendu thermo-compensé de type Guillaume, en hommage à l’inventeur de l’Invar, Charles Edouard Guillaume (Prix Nobel de Physique en 1920).


Afin de parfaire les réglages de l’organe réglant, chaque spiral en acier est confectionné sur mesure pour Naissance d'une Montre 3. Chaque exemplaire est bleui, coupé, virolé, compté et centré à la main, par le même régleur. Les balanciers bimétalliques ayant quasiment disparu, tout comme les savoirs associés, le réglage de chaque pièce est une prouesse à part entière.


Le calibre FB-BTC.FC comporte un autre élément signature de la Chronométrie Ferdinand Berthoud : un système de transmission par chaîne et fusée. Ensemble, ils lissent le couple moteur du barillet, afin de délivrer au balancier la force la plus constante possible. La construction de ce mécanisme est toutefois très différente des autres mouvements Ferdinand Berthoud. La fusée est équipée d’un système d’arrêtage en prise directe constitué d’un doigt et d’une came, très robuste, selon une construction imaginée par l’illustre horloger Breguet.


De même, la chaîne du calibre FB-BTC.FC, doté de 477 éléments et mesurant 172 mm de long, a été développée spécifiquement pour le mouvement et intègre un crochet et 285 maillons plus fins que ceux utilisés dans les autres mouvements à force constante de la collection. L’assemblage de chaque maillon, à la main, au moyen de 191 goupilles dont le diamètre n’excède pas 0.30 mm, est un défi en lui-même.


Le barillet présente également une construction originale. Il est équipé d’un système traditionnel de rochet à dents de scie et d’un cliquet nécessaire au pré-armage du ressort moteur par les horlogers.


Contrairement aux autres calibres FB avec chaîne-fusée, le mouvement FB-BTC.FC ne comporte pas d’engrenage différentiel pour le remontage. En fonctionnement normal, le barillet exerce une traction sur la chaîne et fait ainsi tourner la fusée dans le sens horaire, ce qui fournit l’énergie nécessaire au fonctionnement de la montre. Durant le remontage manuel du mouvement, la fusée tourne dans le sens anti-horaire, ce qui a pour effet de suspendre la transmission de la force motrice au rouage de finissage. Afin que la montre ne s’arrête pas durant cette opération, un cliquet d’armage et un ressort auxiliaire, intégrés dans la fusée, fournissent un couple permettant au mouvement de continuer de fonctionner durant environ 30 minutes.


Pourvu d’une réserve de marche de 50 heures, le Calibre FB-BTC.FC, mesurant 37,50 mm de diamètre et 8,35 mm de hauteur, est relativement compact, malgré l’espace occupé par la fusée-chaîne. Il est muni de 37 rubis et de deux véritables diamants faisant office de contre-pivots pour l’axe de balancier. Logés au cœur des amortisseurs de chocs spécialement développés pour ce garde-temps, ils préservent l’axe de balancier de la casse en cas de chocs accidentels. Ces deux gemmes sont visibles côté cadran et côté fond et rappellent l’héritage historique de Naissance d’une Montre 3.


Un affichage au service de la mécanique


Ponts et platines sont réalisés en maillechort sablé et assemblés par des piliers stylisés en acier poli. Les flancs de certains ponts ont été minutieusement choisis et polis miroir afin de refléter certains éléments-clés constitutifs du mouvement.

Le Chronomètre Naissance d’une Montre 3 présente deux cadrans distincts, réalisés en or gris 18 carats gravés à la main. Le premier, dédié à l’affichage des heures et des minutes est excentré à 2 heures. Le second, en périphérie de la montre, sous forme de réhaut soutenu par des piliers, permet de lire les secondes.


A l’instar de la Montre de poche Astronomique N° 3, le cadran des heures et minutes affiche les heures par des chiffres romains et les minutes par des chiffres arabes. Dans le même esprit, leurs aiguilles associées sont également différenciées : celle des minutes se termine par une pointe biseautée, celle des heures par une flèche.


L’aiguille des secondes en acier bleui à la flamme occupe le centre du mouvement. Son extrême finesse et sa longueur de plus de 25 mm requiert une concentration et une dextérité sans faille à chaque étape de son façonnement, y compris lors de sa pose finale, chassée sur un long et fin canon en or 18 carats.


Près de deux journées de travail sont nécessaires pour réaliser la seule aiguille des heures, comprenant pas moins de 54 opérations micromécaniques, auxquelles s’ajoutent 13 opérations de décoration.


Elaboré dans les moindres détails


Naissance d’une Montre 3 ne se résume pas au seul garde-temps, et chaque détail de ce projet a été méticuleusement étudié. Cette approche concerne notamment le bracelet, dont la boucle, mais également le cuir, ont eux-aussi été fabriqués de manière artisanale. Alliant raffinement et confort, la boucle ardillon permet d’assurer la tenue du bracelet de montre au poignet du porteur. L’ardillon, partie mobile pointue de la boucle, présente une géométrie complexe et est réalisé entièrement manuellement, comme la boucle. Tous deux sont fabriqués dans le même matériau que le boîtier.


Le bracelet en cuir est élaboré dans la plus pure tradition de la maroquinerie, de la sélection de la peau aux étapes de réalisation à la main : découpe, marquage, perforation, rembordage, couture, pose des passants, doublure et finitions.


L’écrin de Naissance d’une Montre 3 s’inspire des traités d’horlogerie écrits et publiés par Ferdinand Berthoud au 18ème siècle. Il se compose de deux grands ouvrages réalisés en bois gainé de cuir de veau, réhaussé de lettrages et de décors gaufrés et dorés à chaud. Le premier tome accueille la montre, tandis que le second tome renferme ses certificats d’origine, de garantie et de chronométrie, une pochette de voyage en cuir de veau bleu, une clé USB, un tissu en coton de très haute qualité et une paire de gants. Il contient également une loupe en argent 925 fabriquée artisanalement, munie d’une lentille en saphir et d’un manche en noyer.


Du savoir-faire traditionnel à la tolérance contemporaine


Bien qu’entièrement réalisé de manière traditionnelle, Naissance d’une Montre 3 répond aux mêmes exigences et valeurs de bienfacture de la Chronométrie Ferdinand Berthoud, instaurées dès son lancement en 2015. Les tolérances de marche du Calibre FB-BTC.FC se doivent d’égaler celles de ses homologues pourvus d’organes réglants modernes, afin de passer les épreuves du COSC et de revendiquer la certification officielle de Chronomètre.


De plus, le contrôle qualité des décorations est effectué à l’aide d’une loupe au grossissement 6.7x, selon les mêmes critères que toute autre modèle de la Chronométrie Ferdinand Berthoud.


« Naissance d’une Montre 3 est un véritable éloge au savoir-faire horloger » indique Karl-Friedrich Scheufele, président de la Chronométrie Ferdinand Berthoud. « Pendant plus de six ans, les corps de métiers de l’ensemble du groupe Chopard se sont investis d’une mission et, à force de persévérance et d’expérience, sont parvenus à maîtriser les compétences horlogères traditionnelles nécessaires à la réalisation de ce garde-temps hors norme. A l’occasion des 10 ans de la Chronométrie Ferdinand Berthoud, nous ne pouvions imaginer de plus bel hommage au Maître-Horloger, lui qui a dédié sa carrière à mettre au point les garde-temps les plus précis de son époque et à partager ses connaissances ».



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