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L'encyclopaedie de Diderot et d'Alembert et le savoir-faire horloger

Ferdinand Berthoud compte parmi les auteurs de l’immense projet éditorial de l’Encyclopédie. On lui doit notamment le célèbre article « Horlogerie », qui deviendra le « Discours préliminaire » de l’Essai sur l’horlogerie.


La série de volumes connue sous le titre d’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert représente l’une des plus ambitieuses entreprises éditoriales de l’âge des Lumières. Lancée à l’automne 1750, elle reprend le projet de plusieurs libraires parisiens de traduire en français la Cyclopaedia, or a Universal Dictionnary of Arts and Sciences d’Ephraim Chambers, imprimée à Londres en deux volumes en 1728. L’Encyclopédie parisienne est cependant bien plus importante : codirigée par l’écrivain et philosophe Denis Diderot et par le mathématicien Jean Le Rond d’Alembert, elle réunit plus de 140 collaborateurs sur une vingtaine d’années (1751-1772). L’ensemble comporte, au final, 27 volumes de texte et 11 volumes de planches.


Véritable succès littéraire du XVIIIe siècle, l’Encyclopédie aspire à rassembler toutes les connaissances existantes et à les organiser par ordre alphabétique, avec un système de renvois entre les articles. L’Encyclopédie s’adresse à tous les lecteurs cultivés, sans distinction de compétences. Ainsi, l’activité savante fait brusquement irruption dans la sphère publique.


Comme le rappelle son titre complet, Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, l’une de ses caractéristiques est l’importance accordée aux pratiques artisanales. Alors que l’impression de la collection de la Description des arts et des métiers de l’Académie des sciences ne débute qu’en 1760, l’Encyclopédie propose pour la première fois la description détaillée de procédés techniques et leur illustration.


Le savoir-faire horloger y occupe, sans surprise, une place centrale. Au total, 250 articles lui sont consacrés, ainsi que presque 70 planches, portant tant sur les pièces elles-mêmes que sur les mécanismes et sur l’outillage. Nombre d’articles sont anonymes. Le géomètre et académicien Jean-Baptiste Le Roy, fils de Julien Le Roy, est certainement l’auteur le plus prolifique : il rédige à lui seul presque 90 textes, simplement signés « T ». L’horloger genevois Jean Romilly contribue également avec une dizaine d’articles ; on lui confie notamment une partie des commentaires des planches (1).


Il est impossible de saisir avec clarté la logique du recrutement de ces spécialistes. Le choix des collaborateurs pour les articles horlogers se fait probablement par l’intermédiaire de d’Alembert, membre éminent de l’Académie des sciences. Il est fort plausible que la participation de Ferdinand Berthoud soit justement liée à ses contacts avec l’Académie des sciences. Berthoud y dépose un mémoire sur une pendule à équation en 1752 et, deux plus tard, reçoit l’approbation pour une seconde pendule à équation. Dès lors, l’article « Equation (Horlogerie &c.) » (2) fait partie de ceux qu’il signe ainsi : « Cet article est de M. Ferdinand Berthoud, horloger ». « Fendre (Machine à) » (3) et « Fusée (Machine à tailler les) »(4) comportent aussi sa signature.


Les historiens lui ont attribué également les articles « Pendule en tant qu’appliqué aux horloges (Horlogerie) » (5) et « Répétition (Horlogerie) » (6), pour leur part anonymes. Les articles « Horloger » (7) et « Horlogerie» (8), qui forment un ensemble, ne sont pas non plus signés officiellement. Cependant, la paternité de Berthoud ne fait aucun doute. Comme le dit la note concluant l’article « Horlogerie », « J’ai fait un Discours préliminaire à mon Essai sur l’Horlogerie, de cet article que j’avois composé d’abord pour ce Dictionnaire ».


(1) http://enccre.academie-sciences.fr/encyclopedie/

(2) Vol. V, 1755, p. 857.

(3) Vol. VI, 1756, p. 482.

(4) Vol. VII, 1757, p. 393.

(5) Vol. XII, 1765, p. 298.

(6) Vol. XIV, 1765, p. 133.

(7) Vol. VIII, 1765, p. 302.

(8) Vol. VIII, 1765, p. 303.