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Chronomètre FB RSM: Le régulateur à seconde morte

Ferdinand Berthoud a consacré sa vie à l’expérimentation et à la transmission de son savoir par la publication de nombreux ouvrages spécialisés ainsi que par la formation d’apprentis. Le Chronomètre FB RSM s’inscrit dans cette tradition en permettant à un jeune horloger de l’école supérieure du Canton de Neuchâtel de participer au développement du mouvement dans le cadre de son travail de diplôme.

Le calibre FB-T.FC-RSM, régulateur à tourbillon et transmission par fusée-chaîne, intègre pour la première fois deux complications appréciées des collectionneurs avertis : une seconde morte indépendante visible côté cadran ainsi qu’un mécanisme de stop seconde.

 

Une source historique : l’Horloge Marine N°8


Le Chronomètre FB RSM se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins jadis foulés par Ferdinand Berthoud : entre exploration et transmission, entre précision et innovation. Sa conception s’inspire de l’Horloge Marine N°8, dite H.M.8.


C’est une horloge bien singulière. Datée de 1768, elle possède un affichage de type « régulateur », c’est-à-dire que l’indication des heures, minutes et secondes n’est pas coaxiale. Ce type d’affichage permettait en effet d’améliorer la lecture du temps et ainsi de servir de référence lors des mesures effectuées pour la navigation en mer : tel est le rôle du garde-temps au sens propre. Les heures sont indiquées sur un disque à 2 heures. Les minutes sont également décentrées, avec un compteur dédié à midi. L’aiguille des secondes est reine : elle occupe la partie centrale et avance par sauts d’une seconde (selon le principe de la « seconde morte »). L’ensemble est animé par un mouvement vertical (sa construction comprend des piliers), régulé par un balancier spiral thermocompensé équipé de masselottes.

 

Une architecture unique


Le calibre FB-T.FC-RSM est doté d’une architecture en piliers, où le barillet et la fusée inversée sont tous deux suspendus et brevetés. Ce mécanisme à fusée-chaîne s’inspire de celui des chronomètres de marine de Ferdinand Berthoud. Il assure la distribution de l’énergie en délivrant une « force constante » au tourbillon à seconde directe breveté.

Cette construction permet de réduire la hauteur du mouvement, qui, avec seulement 9,89 mm, reste très plat pour sa catégorie malgré l'affichage régulateur et l’intégration d’un mécanisme de seconde morte indépendant.

 

Une complication exclusive, créée en apprentissage



Par son affichage et son fonctionnement, le Chronomètre FB RSM transpose cette notion de « régulateur » au temps présent. Les heures se lisent par l’intermédiaire d’un disque rotatif à 2 heures ; les minutes sont indiquées via une aiguille facettée et squelettée sur le sous-cadran à 12 heures et, symbole de la précision, l’aiguille des secondes occupe une position centrale sur le cadran. Ce calibre est enrichi de la dénomination « SM », pour « Seconde Morte », ainsi que d’un stop balancier qui permet d’arrêter le tourbillon lors de la mise à l’heure à la seconde exacte.


Suivant la tradition chère à Ferdinand Berthoud, cette complication a été élaborée avec un jeune apprenti horloger qui lui a consacré son mémoire de fin d’études : il a ainsi réuni dans son travail l’historique des horloges à seconde morte, l’identification des brevets, et le développement de la complication pour le calibre Tourbillon Régulateur à Force Constante qui devait l’accueillir. La Chronométrie Ferdinand Berthoud souhaitait également que cette complication s’insère dans les dimensions existantes du calibre, tout en garantissant des performances chronométriques dûment attestées par le COSC.

 

Seconde morte et stop balancier : les défis de la chronométrie


La création d’une seconde morte est un défi de taille pour toute montre qui prétend à une certification chronométrique. En effet, immobiliser et relancer l’aiguille centrale par saut d’une seconde implique trois étapes : arrêter le rouage concerné, emmagasiner le couple qu’il continue à produire le temps de cette pause, puis le relâcher d’un seul coup au bout d’une seconde. La régularité du couple étant l’essence même d’un calibre à force constante, en interrompre 60 fois par minute le flux sans compromettre sa linéarité est une prouesse technique, raison pour laquelle la majorité des mouvements à seconde morte ne parvient pas à être certifiée COSC. Le Chronomètre FB RSM possède cette certification et constitue ainsi, à l’image des Horloges Marines du Maître Horloger, un véritable garde-temps.


Le cadran en or 18 carats est gravé à la main et porte l’indication « N° 8 », comme l’Horloge Marine N° 8 originale, source d’inspiration du modèle FB RSM. Le mécanisme de seconde morte y est visible, grâce à une ouverture particulière à 9 heures, symboliquement réalisée en forme de « 8 ».


Vingt mouvements seulement seront réalisés et l’habillage, quant à lui, est un choix qui reviendra au collectionneur. Ils pourront se parer d’un boîtier de forme ronde ou octogonale. Le cadran, réalisé en or 18 carats, pourra conserver sa teinte naturelle ou recevoir un traitement PVD, lui conférant ainsi des tonalités aux reflets métalliques. La réserve de marche de 53 heures est visible côté fond, proche des trois organes clés du mouvement suspendu FB-T.FC.RSM : la fusée, le barillet et le tourbillon à seconde directe.




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Pour aller plus loin


Une longue tradition d’apprentissage


Peu d’horlogers peuvent se targuer de la constance de Ferdinand Berthoud dans la transmission et la pérennisation de ses connaissances. L’homme avait à peine ouvert son atelier parisien qu’il prit son premier apprenti sous son aile, pour une durée de huit ans. Jacques-Vincent Martin suivra en 1766 et passera en réalité 20 ans aux côtés de Berthoud. Ferdinand enseigna également l’horlogerie à son propre neveu, Pierre-Louis Berthoud (1754-1813), dit Louis Berthoud, ainsi qu’à un apprenti espagnol, Cayetano Sánchez, chargé d’apprendre auprès de Ferdinand Berthoud l’entretien des horloges envoyées auprès d’une Armada espagnole lancée à la conquête des océans. Ferdinand Berthoud forma également Jean Martin, un autre brillant apprenti qui signa, avec son maître, quelques horloges à longitudes et montre de poche astronomique.


Cette trajectoire illustre les deux principaux axes de l’histoire de Ferdinand Berthoud : la conception d’Horloges de Marine, et le soin constant de transmettre et de consigner son savoir. En reconnaissance de ses compétences liées au premier aspect de son travail, il reçut le titre d’Horloger mécanicien du Roi et de la Marine en 1770. Il étoffa le second volet avec une littérature extrêmement abondante : une dizaine d’ouvrages et traités, en plus de ses contributions à l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert.



Pourquoi l’Horloge Marine N°8 ?


L’Horloge Marine N°8, propriété de Louis XV, a été testée en mer deux années durant (1768 – 1769). Elle est conservée au CNAM, le Conservatoire National des Arts et Métiers, à Paris.



Le choix de cette horloge comme source d’inspiration ne doit rien au hasard : c’est notamment grâce à elle que Ferdinand Berthoud obtint son précieux titre royal en 1770. Cette pièce historique a très probablement bénéficié de la collaboration de l’apprenti du maître, Jacques-Vincent Martin, entré au service de Ferdinand Berthoud deux ans plus tôt, en 1766. Le jeune homme deviendra d’ailleurs un horloger de premier plan : il sera nommé Directeur du Dépôt des Horloges Marine à Brest en 1786.